Un an et toutes ses dents ! Le Studio Abi fait le bilan et rêve en grand.
Le Studio Abi a un an.
Ce n’est rien à l’échelle d’une vie. Et ce n’est pas rien dans une vie.
C’est toujours une émotion particulière que de célébrer cette étape à la fois symbolique et si physique pour les enfants qui nous entourent.
On se dit qu’on a déjà réussi quelque chose d’en être arrivé là, même si tout reste à venir et que c’est un pari sur l’avenir.
Les Romains de la Rome Antique n’attendaient-ils pas d’ailleurs que les enfants aient un an avant de leur donner un nom ? Révélateur de cet âge ô combien important.
En est-il de même pour un projet comme le Studio Abi ?
Comment apprécier cette première année si spéciale, si extraordinaire ?
Comment évaluer le chemin parcouru dans un contexte où tous les critères de réussite ont volé en éclat, les indices de progression anéantis, les plans d’actions revus à la petite semaine, les gens intouchables, les rendez-vous masqués lorsqu’ils ne sont pas décalés, la pression constante et la résilience qui nous sort du nez et surtout où le pyjama – jogging, en temps de confinement et de couvre-feu à dix-huit heures, a retrouvé des lettres de noblesse, du moins une place de choix dans notre penderie.
Source : Instagram
Bizarrement, heureusement, le Studio Abi a réussi à grandir sereinement, soutenu par des expert·es en histoire de la mode, en sociologie, en psychologie de l’enfant, disponibles et encourageant·es, ouvert·es à une initiative qui ne correspond à rien de classique, ni a quelque chose déjà connue et/ou reconnue.
Le Studio Abi grâce à la confiance d’enseignant·es formidables, de professionnel·les investi·es, a pu éprouver et valider une méthodologie originale auprès de publics curieux et participatifs lors d’ateliers sur-mesure pour des enfants pleins de malice et doués d’une imagination dont nous ne sommes que trop peu capables ou bien que nous ne nous autorisons plus pour des raisons multiples.
Le Studio Abi a pu aussi grâce à la générosité de maisons de savoir-faire et d’intermédiaires tels que Commitment Fashion, offrir aux enfants des étoffes à admirer, toucher, manipuler et autant de rubans, fils, breloques d’exception afin qu’ils et elles s’inventent et façonnent leurs goûts et osent leur propre idée du beau.
En quelques chiffres, ces douze premiers mois ont permis :
- La création de Studio Abi, association loi 1901, de son logo, de son site internet et des canaux de communication (Instagram, Linkedin, affichage, flyers, etc.). Sans le talentueux Aurélien Bertry, le Studio Abi serait nu comme un ver…
- L’élaboration et la mise en place d’un projet pilote en crèche sur une année scolaire avec une quinzaine d’enfants et la sensibilisation des parents et de l’équipe pédagogique.
- Des ateliers récurrents dans des classes de maternelle avec la confiance et le soutien d’une municipalité de la Seine-Saint-Denis et l’Académie de Créteil.
- Un partenariat avec le Tiers-Lieu La Cité Fertile.
- L’adhésion à des associations comme la Réserve des Arts et des collectifs comme Cultures de Mode.
- Une exposition des créations des enfants suite au premier confinement.
- Des conférences à destination d’enfants en école élémentaire et auprès de professionnel·les de la petite enfance mais aussi de l’industrie textile.
- Des articles dans la presse spécialisée qui font mention du Studio Abi.
- Une participation à un Festival écologique en Ile-de-France.
- De magnifiques rencontres comme le duo de Commitment Fashion.
- L’intégration dans un groupe international de chercheurs ACORSO autour du sujet « Apparences, Corps et Société ».
- La création d’un fonds photographique dédié au déguisement d’enfants « COLLECTOR ».
Source personnelle
- L’invitation à être à l’affiche de prochains évènements «Mode Durable et avenir de la mode».
- Un projet éditorial en cours « Sap Frip & Frap ».
Et plein d’autres choses très excitantes encore.
Mais au-delà de ces actions tangibles et nécessaires pour exister dans cet écosystème en perpétuelle évolution et provoquer les rencontres incontournables pour faire exister le Studio et participer à notre émancipation, cette année a été un temps précieux d’observations indispensables pour transformer les intuitions de départ en enseignements à valeur de ligne de conduite et de philosophie de vie pour le Studio Abi.
En effet, le pari semblait – semble toujours – fou, pour ne pas dire ridicule ou désuet et anecdotique, lorsque l’on prend comme point de départ, comme idée originelle le ré-enchantement du jeu de se déguiser pour accompagner et encourager les enfants à se construire et à découvrir le monde. Est-ce bien sérieux en pleine pandémie mondiale, en plein réchauffement climatique, que de vouloir organiser des « fêtes costumées » ? Y a t-il rien d’autre à faire que de renverser les dressings et autres placards et appeler à une auto-détermination des enfants, soutenue, accompagnée par les parents, en matière vestimentaire ?
Depuis un an, que nous observons les gens vivre et s’habiller autour de nous et sur les réseaux sociaux, on se rend compte que ce thème du déguisement et de la place des vêtements dans nos vies sont omniprésents, qui plus est lorsqu’on est confiné et que nos relations sociales sont plus que limitées.
Source : Instagram
Cerise sur le gâteau, nous sommes convaincu·es au Studio, que cette activité de « se vêtir et subvertir » participe à l’éducation au vêtement chez les plus jeunes génération, indispensable pour inventer la mode de demain, plus respectueuse, plus inclusive, plus libre et créative.
Source : Instagram
Avouons le scepticisme de certain·es en entendant cette présentation et leur difficulté, incapacité à comprendre les enjeux et à n’y voir qu’un jeu pour enfant donc futile, qui plus est lorsqu’on se le représente à travers l’offre commerciale des panoplies plus ou moins bon marché et toujours prêt-à-porter et à tuer dans l’œuf la créativité.
Offre de déguisement pour enfants (dans l’ordre) : H&M, Le Bon Marché, librairie indépendante.
Depuis le début de cette aventure, appelons-la ainsi, il n’y a pas un jour où le filtre du déguisement ne nous ouvre pas une porte, ne nous donne pas un fil à tirer, ne nous permet pas de faire un pas de côté et d’inventer de nouveaux paradigmes, de considérer autrement nos comportements et de nous émanciper de routines devenues pour certaines des prisons dorées.
Le jeu de se déguiser renverse tout. Il autorise les excès, les fautes de goût, les erreurs, les errances, les ignorances, les croyances, les insolences, les défauts, les défaites et les succès aussi.
Source : Instagram
À tour de rôles choisis, librement interprétés, costumés, ce jeu est une entrée en matière dans l’histoire des vêtements, une façon de découvrir l’origine des matières, les techniques de fabrications, les métiers du secteur et les pratiques artistiques associées dont la liste est infinie.
À chaque âge, au rythme des enfants, les remarques sont si intelligentes, que notre rôle n’est pas tant de les guider mais davantage de les accompagner sur les chemins qu’ils empruntent.
Au contact des enfants, on se rend compte instantanément du pouvoir magique des étoffes, de leur force évocatrice, de leur puissance sensorielle, de leur attractivité spontanée. Et on se rappelle combien s’habiller n’est en rien, un acte anodin et muet et que quitte à le répéter le lendemain, sans fin, il est dans notre intérêt, de s’amuser, par la même occasion d’égayer nos journées par les habits qu’on met et d’en faire profiter la galerie et la planète aussi.
Alors, ne soyons pas rabat-joie. Célébrons masqué·es, what else, avec panache cette première année et continuons à faire grandir le Studio Abi, en nous inspirant pour une fois de Coco Chanel qui n’avait pas son pareil et qui dit entre mille « Se déguiser est charmant, se faire déguiser, c’est triste ».
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